Post jucundam juventutem

"Après la belle jeunesse, après la vieillesse pénible...", égrène le Gaudeamus... Le temps qui passe est un thème estudiantin récurrent. Et les cartes postales de Belles-Lettres n'y échappent pas : la Société a produit des dessins de Bellettriens - très - jeunes et d'autres - très - vieux.

Ainsi, sous le crayon de Moriaud, trouve-t-on un futur Bellettrien, déjà plein de morgue. Ce dessin, non daté, emprunt d'autodérision, nous rappelle quelques vers du "Trophée bellettrien", écrit par Ph. Godet :


Si quelque jour, j'avais la douce ivresse
De voir mes fils s'orner de ces couleurs,
Ce seul aspect, bonheur de ma vieillesse,
Sur mon chemin sèmerait des fleurs.




La carte suivante, envoyée en 1914, présente un chaperon vert sous l'enseigne du local de Belles-Lettres Neuchâtel.


Le texte de la carte signée Wachmutt donne : "Local de Belles-Lettres, le 24.IV.14. Amicales salutations de Neuchâtel. Nous (?) au local tout neuf de B.-L. Mais la mentalité n'est pas la même qu'il y a quelques (?) N'importe, on y sent l'amitié bellettrienne."



A l'autre bout du sablier, un Bellettrien à la longue barbe blanche médite sur le vol des oiseaux.



Mais, chacun le sait, les Vieux ne font pas que méditer… En 1920, Henri Tanner saisit les anciens Bellettriens dans les brumes du tabac.

Le titre de la carte, "Ces Vieux", est un clin d'oeil évident à la chanson bellettrienne "Jeunes et Vieux" écrite par Jacques-Dalcroze, dont nous donnons les deux premiers couplets pleins de sel. On s'y moque de la paresse des "fuchsen", ces étudiants fraîchement intronisés... A moins que cela ne soit les remontrances et les vantardises des Vieux qui y soient la cible d'une douce ironie.

Autrefois (raconte l'histoire)
L'étudiant Bellettrien
Savait en épicurien
Rire, chanter, rimer et boire
Il poursuivait, poulain fougueux,
Des rêves d'apothéose.
Aujourd'hui, triste et dédaigneux,
Il ne fait rien, il se repose.
Ah ! Ces vieux, comme ils sont jeunes.
Ah ! Ces jeunes, qu'ils sont vieux !

Le "praeses" avec non chalence,
Agite son échalas ;
Les autres lisent le Gil-Blas
Pour s'endormir - c'est la séance -
L'on fait "toc toc", un fuchs morveux
Ouvre la porte avec paresse,
Un vieux pénètre, et c'est ce vieux
Qui nous apporte la jeunesse !
Ah ! Ces vieux, comme  ils sont jeunes.
Ah ! Ces jeunes, qu'ils sont vieux !


Palabres stelliennes

Carte non datée de la Société Stella. Les frères de Couleurs coiffés de leur casquette reviennent peut-être des cours : ils sont en rue (com...