Noce à Thomas

L'allusion de cette carte, non datée, n'est pas claire.

Les théâtrales de Belles-Lettres avaient la réputation d'être écrites à l'acide et d'égratiner les notables.

Il est possible que la "Noce à Thomas" soit un clin d'œil au jeu de massacre auquel les bourgeois locaux étaient soumis dans ces spectacles.


Livre d'Or bellettrien

Parmi les informations que nous avons données sur Belles-Lettres, plusieurs proviennent des Livres d'Or de cette Société.

Un Livre d'Or est généralement composé d'un historique de la société étudiante, de quelques souvenirs personnels mais surtout d'un dictionnaires biographiques. Les notices reprennent le matricule des anciens membres, leurs dates d'activités au sein de la société, leurs fonctions sociétaires ainsi que les faits marquants de leur vie bourgeoise.

Mettre à jour ces notices biographiques relève du travail de moine bénédictin. Les Commissions chargées de cette tâche doivent contacter les Anciens et leur demander de compléter des fiches types. Mais, bien souvent, elles doivent aussi leur envoyer des rappels.




Belles-Lettres à Zurich

La seule carte de la section zurichoise de Belles-Lettres dont nous ayons connaissance n'est pas datée.

Comme la section de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich fut fondée en 1920, la carte est donc postérieure à cette année.

Ce dessin nous touche sans doute plus particulièrement parce qu'elle a saisi sur le vif des portraits d'étudiants.


Molière et Belles-Lettres

La carte suivante, éditée en 1922, présente des Bellettriens en grand débat. Des volutes de leur tabac surgissent quelques monstres sacrés. Et au milieu, pendant à la muraille, le portrait de Molière. Ce portrait est en fait la reproduction d'une carte éditée aussi en 1922 par Belles-Lettres, pour célébrer le maître de la langue française.




La Société de Belles-Lettres entend porter haut la littérature et la poésie romandes. Mais qu'en est-il vraiment ? Jacques-Dalcroze y répond avec "Belles-Lettres", repris sous le numéro 9 du chansonnier édité en 1907 par Belles-Lettres.

Un jour qu'il flottait dans l'éther
Comme un souffle de romantisme
Se rencontrèrent à Bel-Air
Trois étudiants pleins de lyrisme.
Le premier théologien,
Le deuxième en mathématique,
Le troisième ne faisait rien,
Car il avait l'esprit pratique.
Et ces trois, apprenti pasteur,
Je m'en fichiste et géomètre,
Fondèrent notre Belles-Lettr's,
Société de littérateurs.

Elle acquit beaucoup de renom
Et Belles-Lettres a fait souche
D'hommes distingué dont le nom
Est comme du miel dans la bouche ;
On y voit des gens de partout,
De Paris jusqu'à Samarkande,
Des Roumains, des Teutons, surtout...
C'est une société… "romande".


On accepte des orateurs,
Rhéteurs, pasteurs à Belles-Lettres, 
Des chimistes, des géomètres,
Mais jamais de littérateurs !

Mais malgré le présent serein
Et le passé couleur de rose,
On sentait l'esprit chagrin,
Il manquait encor' quelque chose !
Enfourchant un nouveau dada,
Nous nous frappâmes la poitrine,
L'Etat nous compris et fonda
La faculté de médecine.

L'on voit donc entrer des docteurs,
Rhéteurs, pasteurs à Belles-Lettres,
Des chimistes, des géomètres,
Toujours pas de littérateurs !

La perle de l'ironie revient sans doute au titre 13 du chansonnier bellettrien, "Lettre", écrit lui aussi par Jacques-Dalcroze. Bien entendu, moquer l'accent germanophone est facile. Mais en creux, on y lit la mixité de la Société et, surtout, le bilinguisme des germanophones (qualité rare chez les francophones)...

Che fous échris, ma chèr' maman.
Bour fous fair' bart du sentiment
D' satisfaction et de pien-être
Que che ressens à Pelles-Lett'.
Pell's-Lettres, c'est une société
Où le chenre est drès distingué ;
C'est la meilleure ousque à mon aise
J' pisse étudier la langu' française.
Che suis Pellettrien tepuis c' matin.

C'est la seul' société, tu sais,
Où l'on parle un chôli vrançais ;
Les broffesseurs n'ont pas l'air fier
Et les leçons n'y coûtent pas cher.
A Pell'-Lett's, il y a tes méd'cins,
Des afocats, tes varmaciens.
Des chemist's… C'est bour ça beut-être
Qu'on lui donn' le nom de Pell'-Lettres.
Che suis Pellettrien tepuis ce matin.

Che tâch' tans ce milieu romand
D' bien brofiter, ma chèr' maman...
Bendant qu' les autr's poiront t' la pière,
Che pûcherai mon tictionnaire.
Mon brofesseur, Monsieur Lacour,
M'a dit qu' che s'rais drès fort un chour ;
Et quand che s'rai le brésident,
Ch' leur f'rai à tous abbrendr' l'allemand.
Che suis Pellettrien tepuis ce matin.

Bal bellettrien

Les sociétés étudiantes donnent de nombreux bals. Les Bellettriens ont donné les leurs.

La carte postale qui suit, non datée, en est un polaroïd. Et le carnet de bal de Belles-Lettres Genève, ci-dessous, en donne l'atmosphère : du Boston au One-Step, les danses étaient réservées par les cavaliers auprès des dames.

"C'est au mois de mai !", le numéro 29 du chansonnier publié en 1907 par Belles-Lettres souligne, avec humour, toute l'importance de ces bals.


Depuis une année,
Mon coeur impatient
Attend la soirée
Des étudiants !


C'est au mois de mai que vient Belles-Lettres,
C'est au mois de mai que vient le printemps
Chantant.


Un blond en casquette
Au bal me conduisit
C'était un poète
C'est lui qui m' la dit...


Il était si tendre,
Si vraiment distingué,
Que rien qu'à l'entendre
J'en fus subjuguée...


Baissant la paupière
Me dit qu'il m'aimait bien,
M'a payé d' la bière
Et des p'tits pains.

Me mit en confidence
Que sitôt qu'il aurait
Passé sa licence
Il m'épouserait.

J'attends éplorée
Depuis cet entretien
Que revienn' la soirée
Des Bellettriens
Je quitt'rai dimanche
Mes lourds habits d'hiver
Mettrai ma robe blanche
Et mes rubans verts...






Belles-Lettres et la musique

La Société de Belles-Lettres n'a pas représenté beaucoup d'instruments de musique sur ses cartes postales. En voici un échantillon.

La seconde carte de ce billet est sans doute liée à un spectacle. Mais nous n'en avons pas la certitude.

Enfin, la troisième est une énigme. On y voit des bourgeois défiler cornemuse et tambour en tête. Mais à quelle occasion ? Mystère et boule de gomme.

Si des sociétaires disposent de plus d'informations...






Le franc Bellettrien

"Le franc Bellettrien", composé par L. de la Cressonnière, ruban d'honneur de Lausanne, accompagne bien ces deux cartes bellettriennes de Neuchâtel. Nous donnons un extrait de ce chant publié en 1907 dans le chansonnier de Belles-Lettres sous le numéro 4.

De la littérature
Il porte le drapeau,
Le flambeau,
Et sa science est sûre
Il sait parler français
Mieux qu'anglais
Car il n'est vraiment (bis)
Car il n'est vraiment rien
D'aussi savant (bis)
Qu'un franc Bellettrien.

Il a sur sa bannière
Mis plein d'effusion
Union
Et ce mot est sincère,
Il n'a pas d'amitié
A moitié,
Car il n'est vraiment (bis)
Car il n'est vraiment rien
De plus aimant (bis)
Qu'un franc Bellettrien.

Mais quant au mot Etude
Je crois bien qu'il est écrit
En sanscrit :
Malgré son aptitude,
Quel Bellettrien
Le lit bien ?
Car il n'est vraiment (bis)
Car il n'est vraiment rien
Moins travaillant (bis)
Qu'un franc Bellettrien.

Sur la carte de 1939, imprimée chez Attinger, l'étudiant endormi sur ses livres de Droit est visité par la muse du Père Ubu. Cependant qu'un masque de lapin (sans doute adopté lors d'une des pièces de théâtre jouées par Belles-Lettres) veille sur son... étude.




La carte suivante, également imprimée chez Attinger vers 1900 et - semble-t-il dessinée par le lithographe lui-même, reprend quelques attributs étudiants : le Zirkel, les couleurs et la devise de Belles-Lettres ainsi que le béret et le band.

Plus originaux peut-être, les symboles du sapin (arbre choisi par les Bellettriens pour sa couleur et sa persistance), de la chope et de la mandoline. Nous pouvons sans doute voir dans la mandoline un proche parent de la harpe. Comme elle, elle accompagne bien entendu les chants mais elle symbolise aussi l'harmonie qui règne entre camarades bellettriens.



L'Etudiant en voyage

Ces deux lithographies, dues à Henri Tanner, ont été imprimées par Belles-Lettres, chez Sonor à Genève. Elles illustrent les voyages bellettriens en roulotte ou en train.

L'une est datée de 1919. L'autre ne porte pas de date mais a sans doute été éditée à la même époque : le verso étant identique.

"L'étudiant en voyage", plein de second degré, repris sous le numéro 36 du chansonnier de Belles-Lettres de 1907, donne l'atmosphère de ces escapades entre sociétaires.


L'étudiant en voyageant,
Ioupaidi, ioupaida,
Peut aller mêm' sans argent
Ioupaidi, ioupaida,
Toujours heureux en chemin,
Qu'importe le lendemain.
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paidi, paida.
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paida.

Si le soir dans un village,
Ioupaidi, ioupaida,
L'étudiant est sans ménage
Ioupaidi, ioupaida,
Il va droit chez le curé,
Lui dit qu'il est arrivé.
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paidi, paida.
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paida.

Si dans la recherche du beau,
Ioupaidi, ioupaida,
L'étudiant trouve un tonneau,
Ioupaidi, ioupaida,
S'il contient le vrai liquide,
L'un devient plein, l'autre vide.
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paidi, paida.
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paida.

De la bière et du fromage,
Ioupaidi, ioupaida,
Une fille au beau visage,
Ioupaidi, ioupaida,
N'est-ce pas tout c' qu'il lui faut,
Quand d'aimer il a l' défaut.
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paidi, paida.
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paida.

La morale de ceci,
Ioupaidi, ioupaida,
Mesdam's, Messieurs, la voici :
Ioupaidi, ioupaida,
C'est qu'il vaut mieux sur la terre
S'amuser que ne rien faire !
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paidi, paida.
Ioupaidi, ioupaida, ioupaidi, paida.


Armoiries bellettriennes

Nombre de sociétés étudiantes ont imprimé des cartes postales avec leurs armoiries. Bien que prisées par des collectionneurs, la plupart sont très sages et austères.

On y retrouve le plus souvent un bouclier aux couleurs de la société, frappé du Zirkel de la société, et coiffé d'un casque. La société suisse Belles-Lettres y ajoute parfois un branche de sapin, son arbre fétiche.

La première carte a été envoyée de Neuchâtel en 1907.




La seconde carte n'a pas été envoyée. Mais elle a sans doute été éditée vers 1900 car le dos n'est pas divisé. Etrangement, la carte a été imprimée à Jena. La technique du marouflage (employée ici pour les armoiries) est plus onéreuse. A-t-elle justifié de faire appel aux services d'un imprimeur étranger ?



Séances bellettriennes

Entre 1904 et le début de la première guerre mondiale, la Société de Belles-Lettres Lausanne "transportait ses pénates de l'Hôtel du Guillaume Tell au Café de Bourg, parfois à l'Hôtel de l'Ours.", nous dit le Livre d'Or de la Société, édité en 1956.
La carte de convocation en séance qui suit, imprimé chez Spengler, date sans doute de cette époque, puisqu'il y est fait mention du Guillaume Tell. Le carton annonce un travail, une nouvelle et une récitation ainsi que les sociétaires qui les présenteront. Leurs noms nous donnent une indiquation précise : si l'on en croit le Livre d'Or Samuel Campiche, Edgar Gréno et Georges Tallichet sont tous trois reçus Bellettriens en 1911. La carte a donc été envoyée entre cette année et 1914.

Le recto de la carte est totalement vierge, ce qui laisse penser que cette carte devait être glissée dans une enveloppe.

En vue de la séance, un serveur de café allume la lampe à gaz, dont l'abat-jour arbore les couleurs de la Société. Aujourd'hui encore, certaines sociétés d'étudiants suisses tiennent des séances hebdomadaires dans un café où une table leur est réservée. Celle-ci est souvent coiffée d'un lustre aux couleurs de la corporation.


Cette illustration est signée non pas E.S.Z comme d'habitude mais Ed. SZ. Ces intitales appartiennent peut-être à Edouard-Marcel Sandoz, fait Ami de Belles-Lettres en novembre 1903, selon le Livre d'Or. Edouard Sandoz, fils et frère de Bellettrien, fut peintre et sculpteur. En 1939-1941, il décora le nouveau Revenandray, chalet que la Société a érigé aux Diablerets.



Les cartons édités pour les séances prévoient parfois de la place pour y glisser un mot. Celle-ci, imprimée en 1901 chez Bauler par la Section de Neuchâtel de la Société de Belles-Lettres annonce entre autre la Thune (séance officielle) de printemps. Elle porte un vers de l'hymne de la Société : "Pour qu'il prospère, il faut que l'on l'aime, Le sapin vert !"

Le texte de la carte fait mention d'un Georges Droz. Nous n'en avons pas trouvé mention dans le Livre d'Or de Belles-Lettres Neuchâtel, bien que plusieurs Droz y soient repris parmi les Bellettriens de la ville.


Le verre et la tabatière

Dans la tune (orthographiée parfois thune), réunion étudiante officielle, on lève volontiers le verre. La pipe ou la cigarette y sont moins à l'honneur. On retrouve plus souvent ces dernière lors des stamms (réunions hebdomadaires informelles).
Dans l'iconographie estudiantine, les volutes de la pipe et de la cigarette signalent habituellement les réflexions intenses ou les rêveries de l'étudiant.

Pipe et clope apparaissent dès lors comme les attributs de la sagesse et du détachement du monde, là où le vin et la bière célèbrent les plaisirs terrestres et la joie exubérante. Rares sont les cartes où les deux figurent côte à côte.



La carte ci-après date sans doute de 1938, si l'on en croit le chiffre inscrit sur le col de la bouteille.


La carte ci-dessous, non datée, est signée (sauf erreur de notre part) par Paul Valloton (1919-2010), juriste, homme de radio et télévision, écrivain… Et Bellettrien vaudois.



Sur la carte suivante, le Zirkel de Belles-Lettres dessine le visage, la casquette ainsi que la lavallière de l'étudiant. Tandis que la fumée de la cigarette trace le traditionnel point d'exclamation qui suit le Zirkel. 





Le numéro 45 du chansonnier édité en 1907 par Belles-Lettres, "Chanson à boire" écrite par Jean Aicard, marie le verre et le tabac… Quoique la pipe y soit quelque peu moquée pour la sagesse qu'elle incarne, face à la "flamme pure" du "vin joyeux".

De vin rouge, remplis mon verre.
Le vin joyeux, le vin vermeil
Nous fait l'étude moins sévère
Et met dans l'esprit du soleil.
Bois sans en laisser une larme
Le vin joyeux qui fait tin, tin !
Le bruit d'un dactyle latin...
Mon Horace en a plus de charme ;
Trinquons à deux, tin, tin, tin, tin !


Verse le vin blanc qui pétille !
Je n'ai jamais rien bu de tel :
Il rit avec des yeux de fille
Le petit vin blanc de Neuchâtel.
J'y vois l'or d'une chevelure ;
Il agace comme l'amour.
La nuit, j'en boirais jusqu'au jour !
C'est avec cette flamme pure
Que le diable fait de l'amour.


Méfiez-vous de la bouteille.
Les bons amis, décidément !
La sagesse nous le conseille :
Et parlons d'Horace en fumant.
Car les pipes, les bonnes pipes,
Nous les aimons, sait-on pourquoi ?
Elles conseillent le chez-soi :
Elles sont dans les bons principes,
Elles conseillent le chez-soi.


Eh bien, non ! Coule, coule, bière blonde
Comme l'or et comme le miel !
Pour vider la chope profonde
Il faut lever les yeux au ciel !
Mettons, amis, la tonne en perce !
La tune nous a réunis :
La bière fait les bons amis.
Nous buvons tous ; l'un de nous verse...
La bière fait les bons amis.


Les vins, les bières, le genièvre,
J'ai goûté toutes les boissons ;
La plus agréable à la lèvre
Est faite du miel des chansons !
C'est la Chanson, l'Etude et l'Espoir...
Oh ! sur toute autre fais-toi voir,
Dans tous nos banquets sois passée,
Coupe de Science et d'Espoir !

Quel visage aura la vadrouille ?

Ces deux cartes postales bellettriennes, où l'imagination et le talent de l'expéditeur doivent achever l'oeuvre du dessinateur, sont les seules du genre que nous connaissions. Nous n'en avons du moins pas trouvé d'autres dans les séries émises par les différentes sociétés étudiantes.

Nous n'avons pas réussi à déchiffrer la signature de l'artiste.

Les cartes n'ont pas été envoyées. Nous n'avons donc pas d'indice sur l'année de leur réalisation.





Le jus de la treille

Belles-Lettres, comme toute société étudiante qui se respecte, a produit plusieurs cartes postales célébrant la dive bouteille. Mais rares sont celles où le vin ne côtoie pas le tabac.




"Chanson bachique", écrite par Alexandre Vinet sur l'air des "Deux gendarmes", accompagne assez bien ces cartons. Ce chant est repris sous le numéro 46 du chansonnier édité par Belles-Lettres en 1907.

Ô mes amis, vidons bouteille,
Et laissons faire le destin ; (bis)
Le dieu qui préside à la treille
Est notre unique souverain. (bis)
Bannissons la mélancolie
En chant ce refrain joyeux :
Amitié, plaisir et folie. |

C'en est assez pour être heureux | bis


La déesse de la Fortune
En vain présente à nos regards (bis)
Des biens, une gloire importune,
Des trésors et mille hasards. (bis)
Consumerions-nous notre vie
En peine, en soins infructueux ?
Amitié, plaisir et folie. |

C'en est assez pour être heureux | bis

Amour, de tes perfides charmes
Nous saurons préserver nos cœurs ; (bis)
Toujours tu fais verser des larmes
A ceux qui briguent tes faveurs. (bis)
Ecoutez Bacchus qui nous crie :
De Cupidon craignez les feux.
Amitié, plaisir et folie.|
 
C'en est assez pour être heureux | bis

Bellettriens, peuple de frères,
Croyez, croyez à ses avis ; (bis)
Suivons ses conseils salutaires
Et montrons-nous ses dignes fils. (bis)
Passons et finissons la vie
En chantant ce refrain joyeux :
Amitié, plaisir et folie.|

C'en est assez pour être heureux | bis

Je redoute peu la critique,
Elle peut mordre à ma chanson ;
Sa rime n'est pas magnifique,
Mais en faveur de la raison
Veuillez épargner, je vous prie,
Seulement ce refrain joyeux :
Amitié, plaisir et folie.|
C'en est assez pour être heureux | bis

La Bellettrienne

Les cartes suivantes présentent des Bellettriennes. Mais qu'on ne s'y trompe pas : la Société de Belles-Lettres, fondée en 1806, n'a intronisé des demoiselles qu'en 1978 à Lausanne. Les section de Neuchâtel, Fribourg et de Genève n'ont pas suivi la même voie. Seule la section de Bruxelles a d'emblée opté pour la mixité à sa fondation en 2014.

Aussi ne sont-ce pas des étudiantes membres de la Société de Belles-Lettres qui figurent sur ces vieux cartons mais des jeunes femmes chères aux Bellettriens…



Néanmoins, mystère, pourquoi une Bellettrienne est-elle dessinée avec band et béret et pourquoi est-elle dessinée avec une écharpe de Comité alors que les femmes n'étaient pas encore membres de la Société ?



Une Bellettrienne avec une écharpe de Comité figure sur la carte suivante. Le verso de celle-ci ne nous éclaire pas plus.




Si les chansons éclairent mieux les relations qu'étudiants et "grisettes" entretenaient, il reste donc encore des énigmes qu'un ancien pourrait résoudre...

"La Bellettrienne", chanson signée par Philippe Monnier, reprise sous le numéro 6 du chansonnier édité par Belles-Lettres en 1907 donne ainsi bien le ton et la couleur d'une autre époque.

Dans mon verre de cristal
Où le vin pétille
Je vois toujours, c'est fatal,
Les yeux d'une fille.
Ce minois fripon qu'on sait
Jeune rose, charmant, c'est
La Bellettrienne, ô gai !
La Bellettrienne

Robe claire, dix-huit ans,
Humeur vive et franche,
La gaîté d'un beau printemps
Par un beau dimanche.
Cà, garçons au rire clair !
Jetons nos bonnets en l'air
Pour lui faire une fête, ô gai !
Pour lui faire une fête !

Aime la folle chanson,
Les fleurs, les chimères.
Musette et Mimi-Pinson
Sont ses deux grand-mères.
Le sang gaulois des aïeux
jette dans ses jolis yeux
Un brin de malice, ô gai !
Un brin de malice.

Elle a le cœur sur la main
Et la main ouverte ;
Ne voit l'amour qu'en gamin
A casquette verte,
Qui, sur son cœur d'Artaban,
Porte un fin ruban
Brodé par sa mie, ô gai !
Brodé par sa mie !

Enfin, quand viendra le jour
D'un hymen fidèle,
Que le gai tocsin d'amour
Chantera pour elle,
Elle aura de beaux enfants
Qui défendront triomphants
La vieille bannière, ô gai !
La vieille bannière.

Or çà donc, Bellettriens,
Gais piliers de tune,
Que chacun à ses moyens
Boive à sa chacune.
Grisons-nous de vers d'amour
Et rimons des chansons pour
La Bellettrienne, ô gai !
La Bellettrienne.



La demoiselle offre une branche de sapin, arbre fétiche des Bellettriens en raison de couleur.


Le carton ci-dessous n'est pas daté. Il reprend les paroles et la partition de "La Petite Bellettrienne", chanson de Jacques-Dalcroze, reprise sous le numéro 11 du chansonnier édité par Belles-Lettres en 1907.


Ô petite Bellettrienne,
Qui nous souris si gentiment,
Grâce à toi, nous faisons gaiment
Notre tâche quotidienne.
C'est pour ton sourire si frais
Qu'à l'école on pioche,
Tu n'es que la mouche du coche ;
Mais quelle fine mouche tu fais, tu mouche.
Tu n'es que la mouche du coche ;
Mais quelle fine mouche tu fais.

Ô petite Bellettrienne,
Toi qui brodas le vert ruban
De plus d'un affreux chenapan,
Petite fée, ô magicienne !
Si bonne, mais l'air si moqueur,
Tu nous conduis à la baguette...
Tu dis être notre sœurette...
Permets que l'on t'embrasse, ma sœur.
Tu dis être notre sœurette...
Permets que l'on t'embrasse.

Ô petite Bellettrienne,
Lorsqu'ému je te fis la cour,
A mon premier serment d'amour,
Tu ôtas ta main de la mienne.
Tu te moquas de mon émoi,
Mais tu grondais en pure perte...
Quand tu vois ma casquette verte
Pourquoi deviens-tu rouge, dis-moi ?
Quand tu vois ma casquette verte
Pourquoi deviens-tu rouge ?

Ô petit Bellettrienne,
Je suis sérieux, j'ai dix-huit ans,
J'ai fait des vers et des romans,
Je gagne dix francs par semaine.
A ta famille, noir vêtu,
Je vais demander pour étrenne
D'épouser ma Bellettrienne ;
Pour l'amour de Bell's-Lettres, veux-tu ?
D'épouser ma Bellettrienne
Pour l'amour de Bell's-Lettres.






Palabres stelliennes

Carte non datée de la Société Stella. Les frères de Couleurs coiffés de leur casquette reviennent peut-être des cours : ils sont en rue (com...