La Bellettrienne

Les cartes suivantes présentent des Bellettriennes. Mais qu'on ne s'y trompe pas : la Société de Belles-Lettres, fondée en 1806, n'a intronisé des demoiselles qu'en 1978 à Lausanne. Les section de Neuchâtel, Fribourg et de Genève n'ont pas suivi la même voie. Seule la section de Bruxelles a d'emblée opté pour la mixité à sa fondation en 2014.

Aussi ne sont-ce pas des étudiantes membres de la Société de Belles-Lettres qui figurent sur ces vieux cartons mais des jeunes femmes chères aux Bellettriens…



Néanmoins, mystère, pourquoi une Bellettrienne est-elle dessinée avec band et béret et pourquoi est-elle dessinée avec une écharpe de Comité alors que les femmes n'étaient pas encore membres de la Société ?



Une Bellettrienne avec une écharpe de Comité figure sur la carte suivante. Le verso de celle-ci ne nous éclaire pas plus.




Si les chansons éclairent mieux les relations qu'étudiants et "grisettes" entretenaient, il reste donc encore des énigmes qu'un ancien pourrait résoudre...

"La Bellettrienne", chanson signée par Philippe Monnier, reprise sous le numéro 6 du chansonnier édité par Belles-Lettres en 1907 donne ainsi bien le ton et la couleur d'une autre époque.

Dans mon verre de cristal
Où le vin pétille
Je vois toujours, c'est fatal,
Les yeux d'une fille.
Ce minois fripon qu'on sait
Jeune rose, charmant, c'est
La Bellettrienne, ô gai !
La Bellettrienne

Robe claire, dix-huit ans,
Humeur vive et franche,
La gaîté d'un beau printemps
Par un beau dimanche.
Cà, garçons au rire clair !
Jetons nos bonnets en l'air
Pour lui faire une fête, ô gai !
Pour lui faire une fête !

Aime la folle chanson,
Les fleurs, les chimères.
Musette et Mimi-Pinson
Sont ses deux grand-mères.
Le sang gaulois des aïeux
jette dans ses jolis yeux
Un brin de malice, ô gai !
Un brin de malice.

Elle a le cœur sur la main
Et la main ouverte ;
Ne voit l'amour qu'en gamin
A casquette verte,
Qui, sur son cœur d'Artaban,
Porte un fin ruban
Brodé par sa mie, ô gai !
Brodé par sa mie !

Enfin, quand viendra le jour
D'un hymen fidèle,
Que le gai tocsin d'amour
Chantera pour elle,
Elle aura de beaux enfants
Qui défendront triomphants
La vieille bannière, ô gai !
La vieille bannière.

Or çà donc, Bellettriens,
Gais piliers de tune,
Que chacun à ses moyens
Boive à sa chacune.
Grisons-nous de vers d'amour
Et rimons des chansons pour
La Bellettrienne, ô gai !
La Bellettrienne.



La demoiselle offre une branche de sapin, arbre fétiche des Bellettriens en raison de couleur.


Le carton ci-dessous n'est pas daté. Il reprend les paroles et la partition de "La Petite Bellettrienne", chanson de Jacques-Dalcroze, reprise sous le numéro 11 du chansonnier édité par Belles-Lettres en 1907.


Ô petite Bellettrienne,
Qui nous souris si gentiment,
Grâce à toi, nous faisons gaiment
Notre tâche quotidienne.
C'est pour ton sourire si frais
Qu'à l'école on pioche,
Tu n'es que la mouche du coche ;
Mais quelle fine mouche tu fais, tu mouche.
Tu n'es que la mouche du coche ;
Mais quelle fine mouche tu fais.

Ô petite Bellettrienne,
Toi qui brodas le vert ruban
De plus d'un affreux chenapan,
Petite fée, ô magicienne !
Si bonne, mais l'air si moqueur,
Tu nous conduis à la baguette...
Tu dis être notre sœurette...
Permets que l'on t'embrasse, ma sœur.
Tu dis être notre sœurette...
Permets que l'on t'embrasse.

Ô petite Bellettrienne,
Lorsqu'ému je te fis la cour,
A mon premier serment d'amour,
Tu ôtas ta main de la mienne.
Tu te moquas de mon émoi,
Mais tu grondais en pure perte...
Quand tu vois ma casquette verte
Pourquoi deviens-tu rouge, dis-moi ?
Quand tu vois ma casquette verte
Pourquoi deviens-tu rouge ?

Ô petit Bellettrienne,
Je suis sérieux, j'ai dix-huit ans,
J'ai fait des vers et des romans,
Je gagne dix francs par semaine.
A ta famille, noir vêtu,
Je vais demander pour étrenne
D'épouser ma Bellettrienne ;
Pour l'amour de Bell's-Lettres, veux-tu ?
D'épouser ma Bellettrienne
Pour l'amour de Bell's-Lettres.






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